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Nous avons multiplié à dessein ces textes afin de bien établir que le titre de tai che signifie grand astrologue et non pas grand annaliste, comme on l'a cru jusqu'ici.

Cependant il est certain que Sema Tan a conçu le plan d'une histoire et qu'il l'a même écrite en partie. N'y a-t-il donc aucune relation entre les fonctions de grand astrologue et l'oeuvre d'un historien ? L'astrologie établissait une connexion entre les phénomènes célestes et les événements qui se passaient sur la terre ; par là même elle était amenée adresser un catalogue des faits ; ces registres devaient avoir quelque analogie avec les commentarii rédigés par les grands pontifes de Rome ; Caton reprochait au pontife de s'attacher surtout à noter quand sévit une famine ou quand se produit une éclipse XI-1 ; de même la plus ancienne histoire chinoise se plaît à raconter des prodiges et peut-être devons-nous y voir un reste des archives des vieux astrologues. Mais, comme il fallut à Rome des écrivains de génie pour trouver dans les commentarii pontificum ou dans les annales maximi la matière de l'histoire, ainsi Se-ma Tan, lorsqu'il entreprit de retracer les événements qui s'étaient passés depuis les temps les plus reculés jusqu'à son époque, fit une oeuvre entièrement originale ; si ses fonctions lui donnèrent un facile accès à tous les documents de l'antiquité, ce ne fut pas en tant que chargé de ces fonctions qu'il écrivit ; il fut un historien, mais non pas un historiographe.

Malgré le peu d'importance de la charge de grand astrologue, Se-ma Tan était fier de l'exercer ; avec une vanité un peu puérile, il prétendait que ces fonctions avaient été héréditaires dans sa famille. Mais la démonstration que nous en trouvons dans le CXXXe chapitre des Mémoires historiques est loin d'être probante. Se-ma


renvoyer le lecteur à l'introduction mise on tête de cette brochure ; dans la note 1 de la page IV on verra quelques raisons nouvelles qui obligent à traduire l'expression t'ai che comme signifiant grand astrologue.

XI-1. « Quod in tabula apud pontificem maximum est » ap. Aulu-Gelle, II, 28.