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être formées avec une ligne brisée et une ligne continue en groupant ces deux éléments six par six ; peut-être cette opération se faisait-elle en jetant au hasard les tiges de la plante magique appelée le millefeuille IX-1. Quoi qu’il en soit, lorsqu’on avait obtenu deux hexagrammes, ou les cherchait dans le I king et on trouvait au-dessous de chacun d’eux un mot avec sa définition, puis six phrases entièrement distinctes les unes des autres. La comparaison des deux hexagrammes qu’il s’agissait d’interpréter montrait à laquelle de ces six phrases il fallait s’arrêter ; la phrase ainsi choisie servait de commentaire aux deux mots symbolisés par les deux hexagrammes et sur ce texte le devin faisait son pronostic.

Se-ma T’an étudia donc l’astrologie ; et la divination. C’est parce qu’il possédait cette double science qu’il fut élevé par l’empereur On a la dignité de « duc grand astrologue » {t’ai che kong)IX-2, charge qu’il remplit entre les périodes kien-yuen’ et yuen-fong, c’est-à-dire de l’an 140 à l’an 110 avant notre ère.

Le titre était plus pompeux que la fonction n’était importante. Assurément, dans des temps reculés, l’astrologue de la cour avait eu une haute position et avait été placé au même rang, sinon à un rang plus éminent que les ducs, les plus élevés en noblesse après les rois ; mais peu à peu sa science avait perdu de son autorité et, si on lui conservait le nom de duc, supprimé dans le reste de la hiérarchie officielle, ce n’était qu’un vestige sans valeur d’une dignité perdue IX-3. Le duc grand astrologue n’est même pas mentionné dans la liste que Pan Kou


IX-1. Cf. Eitel, Fragmentary studies in ancient Chinese philosophy (China Review, t. XV, p. 339 et suiv.).

IX-2. 太史公 .

IX-3. Tchang Cheou-kié [Mémoires historiques, cli. cxxx, p. 1 v°) a bien réfuté l’opinion de Jou Choen ( 如淳, commentateur du livre des premiers Han qui vivait dans la première moitié du IIIe siècle de notre ère) qui voulait voir dans la charge du duc grand astrologue une des plus hautes fonctions de l’état.