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commencer, non par les cinq empereurs comme l’avait pensé Se-ma Ts’ien, mais par les trois souverains. Cependant les trois souverains sont Fou-hi, Chen-nong et Hoang-ti ; or Hoang-ti est déjà le premier des cinq empereurs dans le système de Se-ma Ts’ien ; pour respecter l’intégrité des Mémoires historiques, Se-ma Tcheng fut donc obligé de remplacer Hoang-ti par un autre personnage et c’est pourquoi il intercala Niu-koa entre Fou-hi et Chen-nong ; il avoue d’ailleurs que la triade Fou-hi, Niu-koa, Chen-nong ne s’accorde pas fort bien avec la doctrine des cinq éléments, car les deux premiers de ces souverains régnèrent tous deux par la force du bois au lieu de se succéder en vertu de la substitution de l’un des cinq éléments à un autre CCXV-1. Fou-hi et Niu-koa correspondent tous deux au bois ; ils forment donc une dualité indivisible et c’est bien ainsi qu’ils apparaissent sur les bas-reliefs du IIe siècle après notre ère trouvés dans la province de Chan-tong ; le sculpteur les a représentés sous les traits d’un homme et d’une femme enlaçant leurs queues de serpent, symbole du couple primitif, qui se dégage encore à peine des fantaisies de la légende, on ne saurait les séparer sans faire violence à l’idée même qui leur a donné naissance ; en voulant les considérer comme deux personnages distincts, Se-ma Tcheng se met en contradiction avec le mythe d’où il les tire. Il en a d’ailleurs eu conscience, car après avoir parlé de Fou-hi, Niu-koa et Chen-nong , il propose une autre théorie d’après laquelle les trois souverains seraient les dynasties célestes, terrestres et humaines : ce dernier système, malgré son ancienneté qui paraît remonter au moins aussi haut que l’époque de Ts’in Che-hoang-ti CCXV-2, malgré sa vitalité qui lui a permis de revivre trans- planté dans certaines histoires du Japon, enfin malgré son apparence logique qui a engagé les auteurs du T’ong kien kang mou à l’adopter, n’a cependant aucun fondement dans la réalité ; il n’est qu’une pure imagination


CCXV-1. Cf. p. 10, n. 2 et 3.

CCXV-2. Cf. p. 17, n. 2.