Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Han chou CCVI-1, devait avoir pour objet les tubes musicaux et le calendrier ; il dédoubla ainsi un livre des Mémoires historiques et la première des deux moitiés vint remplacer le traité sur la guerre. Cette théorie est fort claire, mais avant de l’accepter, il faut prévenir l’objection qu’on élève contre elle en disant qu’elle est en désaccord avec l’analyse de son propre ouvrage que Se-ma Ts’ien a placée à la fin de son autobiographie ; voici en effet comment il parle de son troisième traité CCVI-2: « Sans soldats, on n’est pas puissant, comme sans vertu on n’est pas florissant ; c’est par là (c’est-à-dire par leur force militaire) que Hoang-li, T’ang (fondateur de la dynastie Yn) et Ou (fondateur de la dynastie Tcheou) réussirent ; c’est par là (c’est-à-dire par leur faiblesse militaire) que Kie (dernier souverain des Hia) et Tcheou (dernier souverain des Yn) périrent tous deux. Peut-on n’y pas faire attention ? L’origine des lois des se-ma (c’est-à-dire des lois de la guerre) est ancienne ; T’ai-kong, Suen Ou et Wang-tse purent continuer cette oeuvre et la comprendre. Ce sujet a été très important dans les temps récents ; il est essentiel dans les révolutions humaines. J’ai donc écrit le traité des tubes musicaux. » De ce passage, Wang Ming-cheng CCVI-3 conclut que Se-ma Ts’ien établissait un rapport, difficile d’ailleurs à préciser, entre la théorie des tubes musicaux et les lois de la guerre ; Tchang Yen se serait trompé en disant que le traité sur la guerre était perdu, car c’est le traité sur les tubes musicaux qui le représente. L’argumentation de Wang Ming-cheng serait décisive si on était parfaitement sûr de l’intégrité du texte qu’il invoque ; en lisant cette citation cependant, on ne peut s’empêcher d’en trouver la dernière phrase bien singulière, car tout ce qui précède semblerait devoir aboutir à cette conclusion : « J’ai donc composé le traité sur la guerre. » L’opinion la plus plausible nous paraît être en


CCVI-1. Chap. XXI, Lu li tche = Traité des tubes musicaux et du calendrier.

CCVI-2. Mémoires historiques, chap. CXXX, p. 7 r°.

CCVI-3. Che ts’i che chang kio, chap. i, § 9.