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Koen-luen CLXXXIV-1 : « Le duc grand astrologue dit : D’après le Yupen ki CLXXXIV-2, le (Hoang)-ho sort du Koen-luen : « le Koenluen a une hauteur d’environ 2,500 li (1,250,000 mètres) : c’est là que le soleil et la lune se retirent alternativement dans l’obscurité pour redevenir brillants de lumière ; au sommet il y a la source de vin doux et l’étang de jade vert. » Maintenant, depuis que Tchang K’ien a été en ambassade dans le Ta Hia et a pénétré jusqu’aux sources du (Hoang)-ho, où a-t-on vu ce Koen-luen dont parle le Yu pen ki ? Ainsi, au sujet des montagnes et des fleuves des neuf provinces, c’est le Chang chou {Chou king) qui est le plus près de la vérité ; quant aux merveilles qui se trouvent dans le Yupen ki et le Chan hai king, je n’ose point les rappeler. » Le Yu pen ki n’existe plus, mais nous possédons l’antique géographie appelée Chan hai king ; nous sommes à même de voir de nos propres yeux tout le fatras d’absurdités qui s’y est entassé et nous ne pouvons qu’approuver Se-ma Ts’ien de n’avoir pas puisé à une source aussi impure.

Le principal défaut de sa critique est d’être rigide et uniforme. Elle raisonne de la même manière sur les âges les plus reculés et sur les temps modernes : son unique critérium de la vérité est le principe de non-contradiction : pourquoi donne-t-il sa sanction aux « Vertus des cinq empereurs » et à la « Suite des familles des cinq empereurs », tandis qu’il rejette le Chan hai king ? C’est parce que, dit-il, les premiers de ces écrits ne sont point contredits par des ouvrages sûrs comme le Tch’oen ts’ieou et le Kouo yu CLXXXIV-3; ainsi Se-ma Ts’ien n’accepte, que les textes qui ne sont contredits ni par une autorité éprouvée, ni par l’expérience. Une telle règle peut être bonne pour les documents de l’âge mûr d’une nation ; appliquée à son enfance, elle vide le mythe de tout ce qui en fait la vie et n’en laisse subsister que les contours décolorés. Ce fameux Hoang-ti, qui est le centre d’un


CLXXXIV-1. Mémoires historiques, chap. CXXIII, p. 8 v°.

CLXXXIV-2. Cf. note 1 de la p. CLXXIII.

CLXXXIV-3. Cf. notre traduction, t. I, p. 95.