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mort de Kiu Yuen. Enfin parmi les Monographies il en est une intitulée : « La Consultation des sorts par la carapace de tortue et le mille-feuille CLXXXI-l » ; un tel sujet serait mieux à sa place dans un traité sur la divination qui appartiendrait naturellement à la catégorie des Traités.

Les Monographies et les Annales impériales sont les deux sections qui se retrouvent chez tous les historiens canoniques ; elles constituent donc le fond même de la méthode, car les Tableaux chronologiques et les Traités sont des additions utiles mais non indispensables. Une chronique complétée et animée par un dictionnaire biographique, telle est la conception que les Chinois, disciples de Se-ma Ts’ien, se sont faite de l’histoire. Cette méthode est devenue une véritable institution d’état : il existe dans le Han lin yuan un bureau appelé le Kouo che koan CLXXXI-2 qui a pour mission spéciale de rédiger les biographies d’hommes célèbres ; toutes les fois qu’un haut fonctionnaire vient à mourir, un décret impérial paraît dans la Gazette de Péking pour ordonner aux membres du Kouo che koan d’écrire sa vie ; ainsi se constituent graduellement les Monographies qui seront incorporées dans l’histoire canonique de la dynastie mandchoue quand celle-ci aura cessé de régner ; il serait d’ailleurs absolument interdit à un particulier d’écrire de sa propre autorité une histoire de la dynastie actuelle sur le plan des histoires canoniques.


SECONDE PARTIE

LA CRITIQUE


Se-ma-Ts’ien a mérité d’être mis au premier rang des historiens canoniques pour avoir inventé la méthode


CLXXXI-l. Mémoires historiques, chap. CXXVIII. Ce chapitre est d’ailleurs dû en grande partie à un interpolateur, comme on le verra au chapitre V de notre Introduction,

CLXXXI-2. Cf. Mayers, The Chinese government, n° 215.