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adresser quelques reproches à Se-ma Ts’ien : c’est ainsi que Tch’en Ché n’avait aucun droit à entrer dans les Maisons héréditaires (chap. XLVIII), car c’était un aventurier qui, à vrai dire, se proclama roi pendant six mois, mais fut vaincu et mourut sans héritier. C’est un fait remarquable que Se-ma Ts’ien a cru pouvoir insérer dans cette section de son oeuvre la biographie de Confucius ; quoique ce grand moraliste n’ait point gouverné un état, il a formulé les principes qui doivent guider la conduite de tous les hommes et a mérité le titre de roi non couronné CLXXIX-1. Sa noblesse intellectuelle l’élève au-dessus du commun des hommes et le rend l’égal d’un seigneur. Il est le seul sage en faveur duquel Se-ma Ts’ien ait dérogé aux principes de sa méthode et on voit par là combien l’accusation de taoïsme qu’on a portée contre l’historien est peu fondée. Confucius est placé par lui après les che kia de l’époque des Tcheou et avant ceux des Han ; il ouvre pour ainsi dire l’ère des temps modernes.

Les Monographies sont la partie la plus variée et la plus riche des Mémoires historiques. Elles consistent presque toutes en biographies. Six d’entre elles cependant CLXXIX-2 font exception et traitent des pays étrangers, tels que les royaumes de Nan Yue, de Tong Yue et de Tch’ao-sien CLXXIX-3, ou tels que les Hiong-nou, les barbares du sud-ouest, et les états d’Occident. Ces six Monographies, malgré leur caractère spécial, sont disséminées en divers endroits de l’ouvrage et on ne voit guère les raisons qui ont déterminé Se-ma Ts’ien à leur assigner telle place

rangés dans des chapitres spéciaux ; tels sont les tsai ki 載紀 de l’histoire des Tsin.

CLXXIX-1. Dans le Kia yu, il est dit que Tse-yu, grand astrologue du pays de Ts’i, loua Confucius en disant : « C’est là du ciel le roi non couronné. » 天其素王之乎 . Cf. Che t’ong t’ong che, chap. XX, p. 19 r°.

CLXXIX-2. Mémoires historiques, chap. CX, CXIII, CXIV, CXV, CXVI, CXXIII.

CLXXIX-3. D’après Tchang Cheou-tsié (Mém. hist., ,chap. VI, p. 6 r°), le mot tch’ao dans le nom du Tch’ao-sien, se prononce comme le mot tch’ao, marée. Le Dictionnaire de K’ang-hi indique cependant la prononciation tchao sans aspiration : je ne sais qui a raison.