parait avoir quelquefois méconnu leur véritable caractère ; c’est ainsi que, dans le pen ki des Tcheou, il range
tous les ancêtres du premier roi de cette dynastie, alors
que ces ancêtres n’étaient que des seigneurs et ne méritaient donc une place que dans les Maisons héréditaires ;
on pourra dire, il est vrai, que leur histoire était trop
courte pour former un chapitre à part ; mais la même
excuse ne vaut pas pour le pen ki des Ts’in, qui parle
des princes de Ts’in antérieurs à Ts’in Che-hoang-ti et
rentre donc tout entier dans la catégorie des che kia.
De même encore, Se-ma Ts’ien a consacré un pen ki à
Hiang Yu ; mais, si Hiang Yu balança pendant plusieurs
années le pouvoir naissant des Han, il fut en définitive
vaincu et ne put fonder une dynastie ; il n’eut même
aucun descendant pour hériter de son titre de roi de
Tch’ou et c’est pourquoi il n’était digne ni d’un pen ki
ni d’un che kia, mais d’une simple monographie : c’est
en effet la place que lui assigne Pan Kou dans le Ts’ien Han chou CLXXVII-1.
Les nien piao ou tableaux chronologiques de Se-ma Ts’ien ne peuvent donner lieu à aucune critique pour la forme. La discussion du fond ne relève pas de la question de méthode mais de la question de critique et nous aurons à en traiter plus loin. Il est à remarquer cependant que les tableaux, tout en étant un secours pour le lecteur, ne sont pas indispensables à l’histoire ; aussi bon nombre des successeurs de Se-ma Ts’ien n’en ont-ils point écrit : toutes les histoires canoniques depuis le San kouo tche jusqu’au Pei che inclusivement, puis le Kieou T’ang chou et le Kieou ou tai chou, c’est-à-dire quatorze des histoires canoniques, sont dépourvues de nien piao ; on pourrait même mentionner en quinzième lieu le Heou Han chou, car les huit tableaux chronologiques qui en font partie ne sont pas l’oeuvre de Fan Yé, mais une addition ultérieure d’un certain Hiong Fang CLXXVII-2, qui vivait, comme Fan Yé, au temps de la dynastie Song (420 à 478 ap. J.-C).
CLXXVII-1. Ts’ien Han chou, chap. XXXI.
CLXXVII-2. Che t’ong, chap. III, p. 2 v°.