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connaissait, leYu pen ki ou Annales principales de l’empereur Yu CLXXIII-1.

A côté des Fils du ciel existaient, au temps des Tcheou, les seigneurs féodaux ; chacun de ces vassaux était maître tout-puissant dans ses états et ses sujets comptaient les années d’après celles de son règne. Par exemple c’est sur la succession des ducs de Lou qu’est établie la supputation des temps dans le Tch’oen ts’ieou. Comme pour les Fils du ciel, ainsi pour les seigneurs c’était l’hérédité dans la transmission du pouvoir qui créait la continuité des chroniques. Se-ma Ts’ien appelle donc che kia, c’est-à-dire Maisons héréditaires, les chapitres qu’il consacre aux principautés seigneuriales. Il trouvait cette désignation déjà adoptée dans la tradition littéraire : Mencius nous dit qu’un certain Tchong-tse appartenait à la maison héréditaire de Ts’i CLXXIII-2; bien plus, Se-ma Ts’ien lui-même nous avertit à la fin d’un de ses chapitres qu’il a lu, pour le composer, ce qui est rapporté par le che kia CLXXIII-3 ; ce terme était donc employé avant lui pour désigner les histoires des états vassaux.

Les pen ki et les che kia ont au fond beaucoup d’analogie ; les che kia sont pour les seigneurs ce que les pen ki sont pour les Fils du ciel : de simples annales. Ces chapitres sont la partie la moins originale des Mémoires historiques ; ils offrent un grand intérêt pour nous parce que les écrits d’après lesquels ils ont été rédigés sont aujourd’hui perdus en majeure partie ; mais ces écrits existaient autrefois et Se-ma Ts’ien n’a que le mérite de les avoir réunis et copiés ; la méthode dans les pen ki et les che kia est celle même de la chronique ; on ne saurait en faire honneur à Se-ma Ts’ien.


CLXXIII-1. Mémoires historiques, chap. CXXIII, p. 8 v° : et Le grand astrologue dit : D’après le Yu pen ki... »

CLXXIII-2. Mencius, trad. Legge, p. 162 : 仲子/ 之世家也 .

CLXXIII-3. Mémoires historiques, chap. XXXVII, p. 5 v° : 余讀世家言 .