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la même lignée que les souverains du royaume du Milieu était exacte en ceci qu’ils étaient leurs enfants par adoption intellectuelle puisqu’ils avaient accepté leurs idées et leurs arts. Formés aux lettres chinoises, tous les vassaux prennent modèle sur la cour des Tcheou et chacun d’eux tient le registre de ses annales. L’histoire qui ne se préoccupait que des empereurs au temps des Hia et des Yn peut maintenant s’étendre aux centres nombreux où se manifeste la vie de la féodalité ; les princes de tous les royaumes apparaissent dans le Tso tchoan, le Kouo yu et le Tchan kouo ts’é. Vers la fin de la dynastie Tcheou, le pouvoir central s’affaiblit ; les principautés, naguère humbles et soumises, réclament leur indépendance ; chacune d’elles ne consulte plus que son intérêt particulier et la guerre se déchaîne. Ts’in Che-hoang-ti triomphe des seigneurs ses rivaux, mais, au lieu de les obliger simplement à se reconnaître dépendants, il les supprime et les remplace par des fonctionnaires. Les Tcheou avaient maintenu un royaume du Milieu dans l’orbite duquel gravitaient une foule de royaumes secondaires ; Ts’in Che-hoang-ti établit un empire unique et crée les vraies origines de la Chine moderne. Les Han recueillent son héritage. Alors se constitue une aristocratie, non plus de naissance mais d’intelligence ; les empereurs appellent aux charges publiques les hommes les plus capables et ce sont les derniers venus qui jouent, quelle que soit leur extraction, les principaux rôles sur la scène du monde. On voit comment l’objet de l’histoire s’est peu à peu développé, n’étant d’abord que le seul Fils du ciel, puis une hiérarchie de seigneurs, enfin une nation tout entière représentée par l’élite de ses membres. La série des sources de Se-ma Ts’ien nous présente le spectacle d’une transformation parallèle.