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rétabli les grandes lignes qui devaient les réunir et en a fait un système ; mais à cette reconstruction qui a demandé souvent plus d’art que de science, il manquera toujours la vie, condition de la réalité. Avec les Tcheou au contraire nous voyons apparaître des hommes qui se meuvent et parlent, non pas à la façon des fantômes qui défilent, nimbés d’une gloire, dans les premiers chapitres du Chou k’ing, mais comme les Chinois de nos jours dont ils sont les véritables ancêtres. Sous les Ts’in et sous les Han enfin, les personnages prennent plus de relief encore, car ils sont les contemporains ou au moins les aïeux immédiats de Se-ma T’an et de Se-ma Ts’ien. Pour tracer sa longue galerie de portraits, Se-ma Ts’ien a dû lire les ouvrages les plus divers. Quand il nous parle de Confucius et de ses disciples CXLVI-1, il fait de larges emprunts au Luenyu ; ce livre, dont le titre signifie « Discussions et propos », peut être comparé aux Entretiens mémorables de Socrate par Xénophon ; nous y retrouvons les conversations que le maître eut avec plusieurs des soixante-dix personnes qui s’étaient attachées à sa personne et le suivaient en tous lieux. Le Luen yu, même au temps de la persécution de Ts’in Che-hoang-ti, n’avait jamais cessé d’être enseigné par les lettrés du pays de Lou, patrie du grand sage ; en outre, une copie de cet ouvrage en vieux caractères fut découverte dans la maison qu’abattit le roi Kong CXLVI-2 et K’ong Ngan-kouo en fit une recension. Se-ma Ts’ien a lu aussi le Tch’oen ts’ieou de Yen-tse CXLVI-3 et celui de Lu Pou-wei CXLVI-4, qui, quoique


CXLVI-1. Mémoires historiques, chap. XLVII et LXVII. A la fin du chapitre LXVII, Se-ma Ts’ien dit expressément qu’il s’est servi du Luen yu.

CXLVI-2. Voyez plus haut, p. CXVI, note 2.

CXLVI-3. Mémoires historiques, chap. LXII, p. 2 v° : « Le duc grand astrologue dit : J’ai lu... et le Tch’oen ts’ieou de Yen-tse. »

CXLVI-4. Mémoires historiques, chap. XIV, p. 1 v° : « Au temps du roi Hiao-tch’eng, du pays de Tchao, son conseiller, le haut dignitaire Yu, compila pour les temps anciens les Tch’oen ts’ieou et, pour les temps plus modernes, observa les générations récentes ; il composa à son tour un ouvrage en huit chapitres qui est le Tch’oen ts’ieou de Yu.Lu Pou-wei, conseiller du roi Tchoang-siang, du royaume de Ts’in, étudia