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à 165 av. J.-C); à l’âge de vingt ans, il fut promu par l’empereur Wen à l’une des hautes dignités littéraires et fut le plus jeune des « lettrés au vaste savoir ». Il nous a laissé quelques poésies d’une mélancolie pénétrante ; parmi ses ouvrages en prose, le plus remarquable est assurément celui qu’a connu et copié Se-ma Ts’ien. Dans ces courtes pages il s’est proposé de rechercher à quelles causes les Ts’in durent leur élévation et quelles furent les erreurs qui les précipitèrent à une chute soudaine. Toutes proportions gardées, on pourrait mettre cet écrit en parallèle avec les Considérations de Montesquieu sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence. Quelle profondeur, lorsqu’il suit les conséquences de la politique autoritaire de Ts’in che-hoang-ti, détruisant les livres, forçant au silence les hommes sincères, se condamnant ainsi à n’être entouré que de flatteurs, à ignorer le mécontentement qui va grandissant dans la foule ; quelle sagacité, quand il discerne l’influence que l’avantageuse configuration du pays de Ts’in, défendu par des montagnes et protégé par le Hoang-ho,

du Han Wei ts’ong chou et des recueils d’écrivains non canoniques { 子 ). On trouve les Considérations dans les Mémoires historiques à la fin du chapitre VI, mais la première partie de cet opuscule y est placée à la suite de la seconde et de la troisième. En outre, la première partie est répétée à la fin du chapitre XLVIII, et c’est l’interpolateur Tch’ou Chao-suen (cf. chap. v de cette Introduction) qui passe communément pour avoir introduit cette répétition. Wang Ming-cheng (Che ts’i che ckang kiue, chap. II, § 2) a fort bien montré que Se-ma Ts’ien avait dû placer la seconde et la troisième partie des Considérations à la fin du chapitre VI et la première partie à la fin du chapitre XLVIII, que plus tard un interpolateur maladroit aura complété la citation faite à la fin du chapitre VI en y ajoutant la première partie des Considérations et qu’enfin un second critique, non moins mal avisé, se sera aperçu que la première partie des Considérations était répétée deux fois et aura de son autorité propre attribué à Tch’ou Chao-suen la citation faite au chapitre XLVIII en ajoutant la phrase : Maître Tch’ou dit... En réalité, c’est la première partie placée à la fin du chapitre VI qui est une interpolation, comme le prouve bien le désordre qui règne dans la succession des trois parties.