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se le transmirent de main en main pendant deux siècles et demi CL-1.

Pour les Discours des états, le problème est plus compliqué parce que cet ouvrage n’a en aucune manière le caractère d’un commentaire et ne se rattache que très indirectement au Tch’oen ts’ieou. Si on lui donne pour auteur Tso K’ieou-ming, c’est parce qu’il couvre à peu près le même espace de temps que le Commentaire de Tso et qu’il lui est en quelque sorte parallèle. Mais c’est le seul point commun qu’il y ait entre ces deux ouvrages. Les Discours des états sont au fond une œuvre essentiellement anonyme comme le Chou king auquel ils ressemblent sous plusieurs rapports. Cependant, tandis que le Chou king ne s’occupe que des Fils du ciel et que le dernier chapitre seul nous transporte dans un des royaumes vassaux, le Kouo yu au contraire nous fait passer successivement à la cour des princes de Lou, de Ts’i, de Tsin, de Tcheng, de Tch’ou, de Ou et de Yue. La féodalité y apparaît avec sa vie localisée en divers points de l’empire. Dans le Kouo yu il est bien remarquable qu’un des états les plus importants, celui de Ts’in, soit passé sous silence ; peut-être faut-il y voir une preuve que ce livre fut compilé à une époque où l’antagonisme des princes de Ts’in avec ceux des autres royaumes avait


CL-1. Cette opinion a déjà été énoncée par T’an Tchou 啖助, commentateur de l’époque des T’ang, qui dit : « Les anciennes explications étaient toutes transmises oralement : à partir de l’époque des Han, on fit des paragraphes et des phrases (c’est-à-dire qu’on divisa le texte des classiques en paragraphes et en phrases, en les écrivant). Ainsi le Pen ts’ao est rempli des commanderies et des royaumes de l’époque des Han postérieurs et cependant on l’attribue à Chen nong ; le Chan liai king parle longuement de l’époque des Yn, et cependant on dit que c’est Yu, fondateur de la dynastie Hia, qui le composa… On connaît par là que les sens des trois commentaires (du Tch’oen ts’ieou) furent à l’origine transmis en entier oralement ; plus tard des érudits les écrivirent sur le bambou et sur la soie et les mirent sous le nom du maître qui était l’ancêtre de tous les autres. » Cette citation se trouve dans les prolégomènes (1re partie, p. 4 r°) édition de l’empereur Yong-tcheng.