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sont livrées autour du nom de Tso K’ieou-ming proviennent de ce que la question était mal posée. Si nous consultons l’histoire littéraire de la Chine, nous reconnaissons que chacun des livres canoniques était le centre des études d’une ou plusieurs écoles : on retrace d’une manière exacte la liste des personnes qui se transmirent de génération en génération la connaissance de tel ou tel des classiques CXLIX-1 ; pour que cette sorte de gnose fût à une époque donnée l’apanage d’un homme déterminé, il faut qu’elle ait comporté tout un système d’explications qui n’était point dans le domaine public et qui passait au disciple préféré soit par l’enseignement oral, soit par une copie unique ; tout dépositaire nouveau augmentait le patrimoine que lui avaient légué ses devanciers, et ainsi le commentaire était une œuvre collective, fruit du travail de plusieurs générations : chaque école avait d’ailleurs un patron révéré qui était regardé comme le premier initiateur. C’est ainsi que trois systèmes d’interprétation du Tch’oen ts’ieou furent mis sous les noms de Tso K’ieou-ming, de Kong-yang et de Kou-leang dont les enseignements passaient pour avoir formé le noyau autour duquel s’étaient groupés les travaux des lettrés qui se réclamaient d’eux. Le Commentaire de Tso put donc avoir sa première origine dans les écrits ou les paroles de Tso K’ieou-ming, mais, comme il ne fut publié que dans la première moitié du IIe siècle avant notre ère par Tchang Ts’ang, il avait dû être considérablement développé et perfectionné par les lettrés qui


CXLIX-1. Voici, par exemple, d’après Lieou Hiang, quelle fut la fortune du Commentaire de Tso : « Tso K’ieou-ming communiqua ses enseignements à Tseng Chen ; celui-ci les transmit à Ou K’i ; celui-ci, à son fils (Ou) K’i ; celui-ci à un homme de Tch’ou, To Tsiao, qui en rédigea des extraits en 8 chapitres ; To Tsiao transmit (ses connaissances) à Yu King qui en fit des extraits en 9 chapitres ; Yu K’ing les communiqua à Siun King qui les transmit à Tchang Ts’ang ». Cf. Legge, Chinese Classics, t. V, prolég., p. 27. — Tchang Ts’ang fut le premier à éditer le commentaire.