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Mais, dira-t-on, le fait allégué ici ne prouve qu’une chose, c’est que Se-ma Ts’ien n’a eu entre les mains que le texte moderne de Fou Cheng ; il ne s’ensuit pas que le texte antique du Chou king traditionnel ne soit pas réellement celui de K’ong Ngan-kouo ; pour que la démonstration soit complète, il faut qu’on montre, d’une part que Se-ma Ts’ien a vu le texte antique du vrai K’ong Ngan-kouo, et d’autre part que ce texte était différent de celui qui a cours aujourd’hui.

Or, en premier lieu Se-ma Ts’ien a connu le texte antique de K’ong Ngan-kouo ; il nous dit lui-même que cet érudit ajouta plus de dix chapitres au Chou king et nous apprenons par Pan Kou que Se-ma Ts’ien avait suivi les enseignements de K’ong Ngan-kouo CXXVIII-1.

En second lieu, on trouve dans les Mémoires historiques deux chapitres dont les titres sont attribués à deux chapitres de l’ancien texte dans le Chou king traditionnel CXXVIII-2 ; ce sont le Tangkao (Mém. hist., chap. III, p. 2 v°) et la Grande Harangue (Mém. hist., chap. IV, p. 3 v° et 4 r° ; on en retrouve une citation dans le chap. XXXII, p. 1 v° et 2 r°). Ces textes sont entièrement différents de ceux que nous avons sous les mêmes noms dans le Chou king traditionnel.

Cependant, sur ces deux chapitres, il en est un, la Grande Harangue, qui, quoique rangé dans l’ancien texte par le Chou king traditionnel, ne se trouve pas dans la liste (liste B) des chapitres du véritable texte antique. Par conséquent le seul chapitre du véritable texte antique qui soit incorporé dans les Mémoires historiques est le Tang kao. Mais cet unique spécimen CXXVIII-3 est une preuve suffisante que Se-ma Ts’ien avait entre les mains le texte des chapitres ajoutés par K’ong Ngan-kouo et que ce texte, conformément à l’opinion des


CXXVIII-1. Voyez plus haut, p. CXVI, note 1 et p. CXXV, note 1.

CXXVIII-2. Ce sont les numéros 4 et 14-16 de la liste E.

CXXVIII-3. Cf. Chou king de Legge, p. 190, et notre traduction des Mémoires historiques t. I, p. 185, note 3.