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qu’il contenait furent détruits ; cet événement est appelé par les Chinois la quatrième grande catastrophe littéraire CXXIII-1.

Quant à la partie appelée texte moderne, elle peut être considérée dans son ensemble comme représentant assez fidèlement les 28 premiers chapitres de Fou Cheng. Cette récension remonterait donc au second siècle avant notre ère. Les seules modifications qui y furent apportées consistent dans un certain nombre de leçons nouvelles que K’ong Ngan-kouo y introduisit en corrigeant le texte moderne de Fou Cheng au moyen du texte antique. En outre, dans le Chou king traditionnel le dédoublement des trois chapitres Yao lien, Kao-yao mo et Kou ming n’a pas été sans amener quelques changements dans le texte ; c’est ainsi que les 28 premiers mots du Choen tien sont une interpolation destinée à donner un début régulier à ce chapitre qui se rattachait autrefois intimement au Yao tien et en faisait partie intégrante CXXIII-2.

Si la théorie précédente est exacte, il en résulte que Se-ma Ts’ien dut connaître un Chou king assez différent de celui que nous avons entre les mains. C’est ce que prouve en effet l’étude des Mémoires Historiques.


CXXIII-1. Cf. Wylie, Notes on Chinese Literature, p. 6.

CXXIII-2. D’une manière générale, l’opinion que nous exposons ici est soutenue par tous les critiques qui ont vécu sous la dynastie actuelle et dont les écrits ont été incorporés dans les deux magnifiques collections intitulées Hoang Ts’ing king kié et Siu hoang T’sing king kié (que je désigne respectivement par les abréviations H. T. K. K. et S. H. T. K. K.); nous pouvons citer parmi eux Kiang Cheng (H. T. K. K., chap. CCCXC-CCCCIII) : Toan Yu-ts’ai (H. T. K. K., chap. DLXVII-DXCIX); Wang Ming-cheng (H. T. K. K., chap. CCCCIV-CCCCXXXIII) ; Suen Sing-yen (H. T. K. K., chap. DCCXXXV-DCCLXXIII) ; Yen Jo-k’iu (S. H. T. K. K., chap. XXVIII-XXXVI) ; Ting Yen-kien {S. T. H. K. K., chap. DCCCXLIV). — Tout en rendant hommage au grand talent dont le Dr Legge a fait preuve dans sa traduction du Chou king, il nous semble que sa discussion critique du texte de ce livre {Chinese Classics, III, proleg., p. 15-34) fait trop facilement bon marché des travaux considérables de l’exégèse moderne.