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Bible et d'Aristote. Au nombre des plus illustres éditeurs et commentateurs de la fin du IIe siècle avant notre ère on peut ranger à un certain point de vue Se-ma Ts'ien lui-même qui a incorporé dans son oeuvre un très grand nombre de textes anciens.

Les considérations qui précèdent peuvent expliquer certaines parties des Mémoires historiques.

Se-ma Ts'ien est le premier historien chinois qui ai parlé scientifiquement des peuples étrangers ; dans son livre, le royaume du Milieu cesse d'être cet empire isolé qui se plaisait jusqu'alors dans la seule contemplation de sa propre perfection ; il a appris à mieux connaître ses voisins, et, tout en gardant pour eux un mépris que sa plus haute civilisation justifie dans une certaine mesure, il cherche à les connaître et à entrer en relations avec eux. Les missions de Tchang K’ien et de T’ang Mong furent l'aurore d'une vraie révolution intellectuelle ; les campagnes de l'empereur Ou achevèrent d'étendre et de préciser les notions nouvelles qui avaient pénétré dans les esprits. Se-ma Ts'ien reflète donc les impressions de son siècle quand il fait une large place dans son oeuvre aux royaumes barbares.

C'est encore à l'époque où vécut Se-ma Ts'ien qu'il faut se reporter si l'on veut comprendre comment il se fit que l'historien put traiter de sujets généraux comme l'économie politique, le culte, les travaux publics, etc. Avant Ts'in Che-hoang-ti, chaque principauté avait un développement social presque indépendant les Han, continuant la grandiose ébauche de Ts'in che-hoang-ti, créèrent l'unité de l'empire ; grâce à la puissante centralisation qu'ils opérèrent, les institutions et les moeurs furent rendues uniformes et apparurent aux yeux de l'observateur comme un sujet digne de toute son attention.

Enfin les Han constituèrent la nation chinoise sur sa base définitive en donnant à l'intelligence droit de cité dans le gouvernenent. Ts'in Che-hoang-ti, le rude démolisseur des citadelles féodales, avait supprimé les seigneurs et les hobereaux ; les Han élevèrent sur le sol