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Il y a encore, dans ce troisième prolégomène, d’autres lacunes considérables.

Il est à souhaiter qu’on publie de nouveau ces prolégomènes, d’après un manuscrit Grec plus complet[1].

Siméon paroît avoir ajouté quelquefois des séntences prises des livres saints ou des écrivains Grecs, dans sa traduction[2] : ce cas est rare et je n’oserois même pas affirmer la chose. Il a souvent substitué des noms de son imagination à ceux que lui offroit l’original Arabe.

C’est ainsi qu’il a substitué les noms Στεφανίτης et Ἰχνηλάτης, à Calila et Dimna. Le premier nom, Στεφανίτης, lui a été suggéré par la ressemblance de Calila ڪاليله, avec le mot iclil اڪليل, couronne ; le second, qui signifie investigator, vestigia persequens, lui a été pareillement suggéré par le rapport de Dimna دمنه, avec le mot dimn دمن que le Kamous explique par اثـــار vestigia tentoriorum et hominum[3].

Il a de même changé Dabschélim en Ἀϐεοσαλώμ[4], le génie préposé à la garde de la mer, en Néréis, Νηρηίς, et Irakht ايراخت, nom d’une reine, en Πελάς ; il a introduit dans une fable qui ne se trouve point dans mon édition Arabe, un roi des rats, nommé Τρωγλοδύτης, et trois rats, ses conseillers, appelés Τυροφάγος, Κρεοβόρος et Ὀθονοφάγος.

Je dois faire observer en passant que cette fable, qui forme le xive chapitre de la version Grecque, n’est qu’une portion d’une fable beaucoup plus longue qui se lit dans plusieurs manuscrits Arabes de la traduction d’Ebn-almokaffa, mais qu’on ne retrouve,

  1. La bibliothèque du Roi possède deux manuscrits de la version Grecque de Siméon Seth, mais tous deux fort incomplets. Le premier est coté 2231 ; le second a appartenu à Huet, et ensuite à la bibliothèque de la maison professe des Jésuites ; il est intitulé Βιϐλίον λεγόμενον τοῦ Ἠχνιλάτου.
  2. Les traces de christianisme et les allusions à des textes de l’écriture, sont assez fréquentes dans le manuscrit d’Upsal, dont Floder a publié les variantes.
  3. Suivant M. Wilkins, Carattaca signifie celui qui mine une vie sans reproche, et Damanaca, celui qui corrige, qui dompte, qui châtie, The Heetopades, p. 309.
  4. Je lis cependant dans un manuscrit de la bibliothèque du Roi, qui a appartenu à Huet, Δησαλώμ.