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XIII

 
AYANT fait prisonniers mon esprit et mes yeux,
La chère vision sans cesse les promène
Sous la caresse lente et le frisson soyeux
Des formes où fleurit ta beauté surhumaine.

Elle emplit de langueurs douloureuses ma chair,
Et fait monter le flot des baisers à ma bouche ;
Car dans l’inanité décevante de l’air,
C’est toi que je respire et c’est toi que je touche !

C’est toi qui bois le souffle où mon âme a passé
Et creuses dans mon sein les profondes angoisses
Et, plus étroitement que l’habit que tu froisses,
Autour de ton beau corps tiens mon être enlacé.

Et du mal dont je meurs je ne sais plus la place ;
Car, esclave meurtri de ton corps triomphant,
Sous sa blancheur de neige, une étreinte de glace,
Comme un arbre captif, a pris mon cœur vivant !