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XI

 
AH ! je me trompe en vain moi-même et j’ai menti :
Car le rayonnement de ta gloire charnelle
A brûlé dans mes yeux la lumière éternelle
Et le vide a peuplé mon front appesanti.

Comme au choc de la foudre un marbre se fait sable,
J’ai senti fondre en moi l’antique Vérité :
Rien n’est divin que Toi, n’est saint que ta Beauté,
Et rien n’est éternel que ton corps périssable !

Rien n’est vrai que ta bouche où la parole ment,
Juste que le caprice errant de ta pensée,
Doux que le mal cruel dont mon âme est blessée,
Et sûr que le fragile espoir de mon tourment !

Car je suis le damné de ta Beauté profonde,
Le douloureux amant que veut ta cruauté,
Et, pareil au Titan par les cieux emporté,
Où se heurte mon cœur j’y sens périr un monde !