Prologue. L’ANNIVERSAIRE.
Je ne respire plus, dans l’air tiède d’été,
Les parfums de ton corps et de ta chevelure ;
Mais comme un feu secret, au fond d’une brûlure,
Le désir de ta bouche à ma bouche est resté.
Tu demeures le Rêve, ayant été la Vie ;
Mon front encor vaincu cherche ton pied vainqueur :
Car tu fis de mon être, en déchirant mon cœur,
Deux parts dont l’une est morte et l’autre inassouvie.
Que fait, à qui connut tes charmes sans pareils,
L’inutile beauté des songes et des choses ?
— Sur tes lèvres en fleur j’ai bu l’oubli des roses
Et dans tes yeux profonds le mépris des soleils !
Donc, n’espérant plus rien des cieux ni de la terre,
Ni des dieux, ni de toi, ni même de l’oubli, —
Je ne sens vivre en moi, mort mal enseveli,
Qu’un souvenir pensif, profond et solitaire.