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VII. Pèlerins

 
I

LES pèlerins d’amour, sublimes voyageurs,
Seuls affrontent pieds nus nos sentiers de misère ;
Les yeux souvent au ciel, égrenant un rosaire
De chansons et de pleurs.

Ils s’arrêtent au bord des sources altérées,
Pour baiser, sous les fleurs, des pas mystérieux ;
Ils portent à leur cou des reliques sacrées
Qu’ils cachent à nos yeux.

Au revers d’un fossé de leur route infinie,
Ils s’endorment un soir, comme l’oiseau s’endort.
Nul ne connaît leurs noms, car leur muet génie
Est frère de la Mort !