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IV

 
SUR le lac, où j’ai vu passer les cygnes blancs,
Un rêve flotte et suit leur lumineux cortège :
Je vois l’ange endormi, l’enfant au corps de neige,
Qui soulève vers moi ses bras nus et tremblants,
Ses bras pareils aux cous harmonieux des cygnes !
—Et, quand le flot s’enfuit, leurs gestes nonchalants,
Comme pour un adieu, tristes, me font des signes.

Dans le chœur fraternel des célestes oiseaux,
Que cherche, sous l’azur, la chère ensevelie ?
A-t-elle retrouvé le bouquet d’Ophélie,
La pâle fleur d’amour qui croît au fond des eaux ?
— Quand la fraîcheur du vol des cygnes les effleure,
Son haleine frissonne aux cimes des roseaux
Et me trouble, en passant, comme une voix qui pleure.