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VII



DES souffles attiédis, sous les cieux taciturnes,
Roulaient le fleuve errant des vivantes odeurs,
Lointain enchantement des floraisons nocturnes,
Du monde des parfums invisibles splendeurs !

J’en oubliai l’effroi de ces ombres moroses
Que l’heure, à nos cerveaux, comme aux monts vient asseoir,
Et j’admirai comment l’air pénétrant du soir
Fait jusque sous nos fronts monter l’âme des roses.

J’avais maudit l’azur et ses illusions ;
Mais sentant, réveillé des mornes visions,
Respirer sous mes pas l’argile maternelle,

Le désir me surprit de me mettre à genoux
Et d’adorer, perdu dans la nuit solennelle,
Cette grande pitié de la Terre pour nous !