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LES AILES D’OR

Au joug mystérieux dont le monde est dompté
Pourquoi ne pas laisser nos âmes inclinées
Suivre, d’un pas égal, le déclin des années,
Comme l’astre des cieux son chemin de clarté ?

La brute indifférente au labeur asservie,
L’étoile qu’un clou d’or attache au firmament,
Tout, d’un crime inconnu, subit le châtiment,
Sans s’indigner aux lois obscures de la vie,

Sans chercher à fléchir l’ordre inflexible et sourd
D’éléments acharnés à d’inflexibles tâches.
Ni les vœux superflus ni les prières lâches
Ne rendront le fardeau de nos peines moins lourd.

Je ne vous maudis pas, prêtres dont l’imposture,
Pour alléger d’espoir le faix de nos douleurs,
Forgea des Immortels que repaissent nos pleurs…
— Mais cessez de chercher, plus haut que la Nature,