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LES AILES D’OR

Des bords de l’horizon, par des sentiers pareils,
Nous montons au zénith dont il faut redescendre,
Et, sur les mêmes seuils, nous revenons attendre
Le retour monotone et certain des soleils.

Sur une roue en feu, sous d’inflexibles chaînes,
Pâles sœurs d’Ixion, nous tournons sans merci,
Sans voir jamais rougir, dans le ciel éclairci,
D’un temps libérateur les aurores prochaines.

Toujours le même azur indifférent et sourd
Et qui, d’un rythme égal, dans ses voiles balance
Le vide sous nos yeux, sous nos voix le silence
Et, du poids de l’oubli, fait notre ennui plus lourd !

On chante cependant les astres tutélaires ;
Et les mondes lointains, épris de nos clartés,
Sous le mensonge fier de nos sérénités,
N’ont jamais pressenti nos vivaces colères.