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LES AILES D’OR

Honte à ma bouche ! — elle a savouré cette lie
Que gardait à ma soif leur haine ou ta pitié,
De l’ivresse commune accepté la moitié
Et vidé jusqu’au fond cette coupe avilie !

Honte à mon âme ! — elle a, sous l’outrage mortel,
Détourné, sans frapper, le faix de sa colère,
Et, de ton mépris seul attendant son salaire,
À ton corps profané conservé son autel.

Car Dieu fit de ton corps le pardon de ton âme :
— Entre ton cœur pervers et mon cœur révolté,
Comme une armure sainte, il a mis ta beauté,
Et d’être belle il l’a fait le droit d’être infâme !