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LES AILES D’OR

Que du mont descendu la muraille se dresse
Entre le passé vide et mes regards lassés,
Je garde les trésors de virile tendresse
Au gouffre des douleurs lentement amassés ;

Je sais que le prix du sang que mesure à nos veines
La pitié du destin, ce que pèse à nos mains
La cendre de nos cœurs, et quelles choses vaines
De poussière et de bruit comblent les jours humains.

En route ! — Devant moi s’il n’est rien que j’envie,
Derrière moi, du moins, ne veille nul remord.
En route ! — Connaissant le néant de la vie,
D’un pas ferme je puis descendre vers la Mort !