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LES AILES D’OR

Rien n’est resté debout sous le vol des orages,
Et l’éclair dans la nue écrit un nom vainqueur…
Devant tant de détresse et devant tant d’outrages,
France, ô mon seul amour, France, mère au grand cœur !

Ah ! j’ai maudit les temps où tu m’apparus telle
Que, sur le roc désert, l’antique Niobé,
Épouvantant la mort de ta plaine immortelle
Et pleurant dans la nuit ton dernier fils tombé.

J’ai vu, sur tes flancs nus et ta gorge meurtrie,
Comme de rouges fleurs tes blessures s’ouvrir
Et j’ai baisé tes pieds sanglants, ô ma Patrie,
Me sentant mieux ton fils à te voir tant souffrir !