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LES AILES D’OR

De mon double horizon le voile à mes yeux tombe ;
Enveloppant mon sort d’un regard triste et sûr,
Déjà loin du berceau, déjà près de la tombe,
J’en mesure la route égale sous l’azur.

Mais avant d’affronter le sentier qui s’incline
Vers l’ombre où tout s’efface et qui n’a plus de fleurs,
Je veux compter encor, debout sur la colline,
Du voyage passé les biens et les douleurs ;

Attarder mon esprit au vol des derniers rêves,
Guetter, dans l’air, l’écho furtif des chères voix.
Regarder du ciel d’or tomber les heures brèves
Et pleurer, un instant, les larmes d’autrefois !