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LES AILES D’OR

De leur fière beauté mesurant les accords,
Comme pris du remords de sa course éternelle,
Le Temps sur leur repos laisse planer son aile ;
L’air vibrant s’alanguit au toucher de leur corps.

Des monts échevelés aux vallons revenues,
Elles ont recherché la fraîcheur des gazons
Et la demi-clarté des jeunes frondaisons
Qui tendent des baisers à leurs épaules nues.

Le paysage est doux, voluptueux, aimant,
Et d’adorations timides les effleure.
La nature est plus tendre aux lieux où l’onde pleure,
Où descend le regard ami du firmament.

Et le corps de la femme est fait pour les tendresses
De tout ce qui respire et meurt sur son chemin.
Le fruit naît pour sa bouche et la fleur pour sa main ;
Pour elle la mort a d’immortelles caresses.