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Le Conte de l’Archer.

joue du revers de sa longue manche, reviendrai-je aussi bien à Chinon demain matin.

Et, tous deux, sans ajouter une parole, bien que Tristan eût le cœur gros de reconnaissance, se remirent en route et, dans la buée d’or du couchant, cheminèrent jusqu’aux premières maisons.

Grand vacarme dans une grange où les fenêtres flambaient encore, tandis que, dans le reste du village, tous les feux étaient éteints.

— Je parie, dit le moine, que c’est ici le quartier du capitaine Bistouille que nous devons rejoindre.

Et il poussa la porte de la grange, ladite porte grinçant horriblement sur ses gonds, tandis qu’au dedans un concert de jurons et de blasphèmes retentit.

— Qui va là ? avait crié un homme tout de fer bardé, en se levant avec colère.

— Sus au faux moine ! c’est un espion ! avaient répondu cent voix avinées et menaçantes.

Le capitaine Bistouille est-il ici céans ? demanda frère Étienne sans s’émouvoir davantage.

Un immense éclat de rire s’éleva de toutes parts et quelques archers se précipitant vers la porte la refermèrent violemment sur les deux