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Le Conte de l’Archer.

ses années, avait toujours été célèbre par sa laideur, s’y faisait rendre mille hommages ordinairement réservés à la plus éclatante beauté. Il y avait de quoi faire rire les mouches et même de plus grosses bêtes, à la voir se promener dans les hautes salles armoriées, au milieu de ses gentilshommes qui, pour la plupart, étaient décrépits autant qu’elle et faisaient néanmoins les galants à l’envi.

Quand ils se courbaient jusqu’à terre pour la laisser passer, on entendait un bruit de vieilles échines qui se disloquent, et leurs crânes nus se rapprochaient en oscillant comme des billes que la main d’un écolier réunit dans une bloquette ; et des salamalecs enroués sortaient de ces débris d’humanité, grinçant comme les gémissements aériens des girouettes.

Cependant la princesse agitait, d’un air bien-