Page:Silvestre - Le Conte de l’Archer, 1883.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
Chroniques du Temps passé.

gnissent de se rendre à merci et lui rendissent, sur des plats, les clefs de leur maison, pour qu’il consentît à leur accorder un armistice.

Ainsi se font les légendes, et l’enfance des grands hommes est pleine de traits comme ceux-là. J’imagine même que beaucoup d’entre eux n’ont dû leur renommée qu’à quelque aventure pareille dont leurs proches firent le point de départ de la carrière qu’ils suivirent après. Il n’est guère de peintre dont on ne nous raconte que, tout enfant, il faisait de petits croquis que remarqua un peintre plus vieux, lequel conseilla aux parents de le faire instruire dans le culte du dessin. Nous en pouvons conclure que beaucoup d’entre nous seraient devenus aussi de grands artistes si nos barbouillages avaient été soumis à un connaisseur, et qu’il nous a manqué tout simplement un homme du métier pour les remarquer. Aussi je me console de n’être pas Apelle, songeant au peu qui m’a fait défaut pour cela. Mais si je ne peins pas les raisins de façon à tromper les guêpes, je les mange de manière à y trouver grand plaisir, ce qui est certainement une consolation.

Pour en revenir au fils du tanneur Bignolet, une telle renommée lui vint de ce premier exploit