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Chroniques du Temps passé.

sa gourde, laquelle roula sur le sol en jaunissant la neige du flot d’or qui s’en échappait.

Quant à Tristan, il avait été littéralement cloué au sol par la peur et ne bougeait pas plus qu’un homme qui sent que la terre va disparaître tout autour de lui.

— Vous avez deviné, n’est-ce pas, la cause de ce vacarme ? car vous êtes gens d’esprit futé, sinon je ne consentirais un instant de plus à écrire cette histoire pour vous. Donc vous savez comme moi que la maudite couleuvrine en était cause. En effet, maître Guillaume, bombardier peu expert de son état, avait si fort pressé dans la lumière le bout d’étoupe qui devait enflammer la poudre, que le feu communiqué par la mèche s’y était d’abord étouffé, n’y demeurant qu’à l’état latent, pour ainsi parler, en méchantes étincelles invisibles au regard ; mais toutefois ne s’était-il complètement éteint, si bien que longtemps après, et alors que le pauvre Mathieu Clignebourde emportait paisiblement l’instrument, il avait enfin atteint la poudre qui avait fait son office.

Cependant Guillaume, revenu à lui, était déjà installé dans un large fauteuil, et l’excellente Mathurine lui bassinait les tempes avec de l’eau