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Le Conte de l’Archer.

espaces à de hautes distances, comme Icare autrefois, eût pu prendre pour un troupeau d’oies dressant leurs cous aux plumes blanches.

De ce benoît pignon sortait une fenêtre de bois sculpté, comme on en voit encore beaucoup dans le pays de Touraine, et à cette fenêtre qu’avait cherchée le suprême regard du pauvre Tristan, devinez ce qu’il avait aperçu : le frais visage d’Isabeau, tout fouetté de rose par le froid matinal. La mignonne, tout en berçant son pantin, contemplait de loin la scène. Car elle n’était pas timide comme Tristan, elle, bien au contraire, et n’aimait-elle rien tant que le bruit et le fracas. Donc, ne perdant rien des anxiétés de son ami, avait-elle une grande envie de rire de son air contrit et, n’y tenant plus enfin, finit-elle par éclater, montrant ses petites dents blanches entre deux éclairs roses, et poussant un petit cri joyeux, comme une fauvette qui a aperçu une mouche.

Cette pantomime railleuse rendit à Tristan tout son courage.

— La méchante ! pensa-t-il, comme je la hais !

Et, fiévreux, il approcha la mèche enflammée de la lumière de la couleuvrine où l’étoupe flamba.

Il se fit un petit silence.

Un bruit sec le rompit, mais non pas celui