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Le Conte de l’Archer.

je dis : comme pas un ! vous devinez ce que pouvait être son cas. Ajoutez qu’avant d’exhaler son âme trompeuse dame Clignebourde l’avait pourvu d’une fille qui lui était à grand embarras. Car ce n’est pas une chose aisée pour un homme d’élever une jeune vierge dans le culte des pudiques vertus. Ce sont fleurs délicates qui veulent être maternellement arrosées. Et pourtant Isabeau — c’était le nom de la petite — était bien la plus gracieuse enfant du monde, blonde comme un rayon de miel, blanche comme une fleur de froment, avec deux yeux comme des bluets des champs et une bouche toute pareille à une fraise mûrissante ; douce avec cela comme un petit mouton, et nonobstant malicieuse à ses heures, ayant, en un mot, tout ce qu’il faut pour devenir une vraie femme et faire damner beaucoup d’amoureux. Car vous avez bien remarqué comme moi que, chez la femme, ce sont les qualités surtout qui servent à nous faire enrager.

Et Bignolet, me direz-vous, n’avait-il donc pas aussi une lignée ?

Si fait, mes petits compères, et à tel point que son fils Tristan sera précisément le héros de cette histoire. Ce Tristan, qui avait juste quatre ans de plus qu’Isabeau, était d’ailleurs infiniment