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Chroniques du Temps passé.

Tristan et Isabeau qui se tenaient embrassés, celui-ci ayant jeté son arbalète à terre et tenant à la main une fleur de coquelicot flétrie.

Juste au même instant maître Clignebourde atteignait le tournant qui formait un des angles de sa maison. Il fut tellement stupéfait de ce qu’il vit, qu’il allait tomber à la renverse, quand frère Étienne accourut à temps pour le soutenir dans ses bras.

Quant à Guillaume, il avait suivi sa femme et, comme hébété, pleurait de joie, sans avoir la force de faire aucun mouvement.

— Ah ! mon fils, dit-il enfin en se précipitant à bras ouverts vers Tristan, tu ne nous quitteras plus jamais.

— Jamais, mon père, répondit l’archer d’une voix ferme et douce, mais j’y mets pour condition qu’Isabeau ne vous quittera davantage.

— Jamais ! exclama maître Clignebourde à qui les sens étaient revenus.

Mais frère Étienne l’aidant à s’asseoir :

— Eh quoi ! seul, Mathieu, fit-il, vous opposeriez-vous à l’accomplissement des projets de Dieu qui a mis l’amour au cœur de ces enfants ? Ne serez-vous pas aussi raisonnable que Guil-