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Chroniques du Temps passé.

sogne, poursuivit-elle, parce qu’il tient en grande estime, grâce aux leçons que je lui ai données, l’étude et ceux qui y vouent leur vie. Et il pense, comme moi, que monsieur le Prévôt userait plus utilement de son pouvoir en purgeant la ville des rufians qui infestent les quartiers limitrophes et en rendent la traversée impossible aux honnêtes gens, même en plein jour. Car leur audace est devenue telle, qu’ils détroussent les passants sous le nez même de la maréchaussée, laquelle se garde d’ailleurs de mettre le nez dans leurs affaires. Et, du produit de leurs vols, ripaillent gaiement avec les ribaudes durant que ceux qu’ils ont vilipendés crient inutilement au secours, à moins qu’ils ne se débattent muets et saignants sur les chaussées, ou encore n’agonisent, étouffés, dans les rouges eaux de la Seine. Mais il paraît que cela n’est qu’un menu dommage comparé aux bruyantes joies des clercs et écoliers. À ceux-ci rien n’est passé, même l’innocente fantaisie de châtier enfin les rufians et de les chasser, au moins, des alentours de leurs écoles. Car, je vous le dis, en vérité, les rufians sont les vrais maîtres de la ville. Donc, lorsqu’il lui faut défendre leur précieuse sécurité contre la colère des étudiants, votre fils n’y apporte que le moins qu’il peut de son invin-