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Le Conte de l’Archer.

— Donnez-moi la lettre de frère Étienne, dit le tanneur au mendiant d’un air sévère.

Celui-ci tira de dessous son sordide manteau un message plein de poussière et que la sueur de sa poitrine avait taché par endroits.

— Je vais appeler nos meilleurs amis pour entendre avec nous ! dit Mathurine en se hâtant vers la porte.

— Gardez-vous-en bien, sotte que vous êtes ! fit Guillaume en l’arrêtant. Pensez-vous donc que les secrets de la guerre doivent être révélés à tout le monde ? Vous savez d’ailleurs que frère Étienne n’est pas de tempérament fort héroïque, et qu’en fait de choses militaires il voit volontiers tout en noir. Je ne serais donc pas surpris que son épître manquât d’enthousiasme et contînt des insinuations de nature à décourager les partisans du Roi dans cette ville ; mais nous n’en croirons que ce que nous voudrons.

Et, en disant ces derniers mots, le tanneur regardait le mendiant d’un air de défi.

Après quoi il développa lui-même la lettre qui contenait un long grimoire, à en juger par le nombre des pages et la façon dont elles étaient noircies.

Isabeau était si curieuse de savoir ce qu’elle