leur serait si aisé d’en effectuer de fictives contre
d’imaginaires ennemis. Ne sauraient-ils donc inventer
quelque peuple si lointain que nul n’en
pourrait vérifier l’existence, qui leur ferait quelque
injure grave nécessitant un grand développement
de forces offensives ? Et on les verrait consulter
leurs chambres et réunir leur armée avec grand
sérieux, pour lui faire traverser
leurs États en grande pompe
militaire. Mais aux frontières,
les soldats, dépouillant leurs
vêtements guerriers dans quelque
bon entrepôt spécialement
bâti pour cela s’en iraient
tout simplement dans quelque station
thermale idoine à la guérison de tous les
maux, et ils y feraient leur saison curative pour
venir ensuite reprendre leur uniforme au seuil de
la patrie et effectuer une rentrée triomphale sous
des dômes de fleurs.
Durant tout ce temps, des bulletins adressés au ministre de la guerre auraient tenu le peuple au courant des victoires remportées, de façon à préparer un retour enthousiaste à ces défenseurs de l’honneur du pays.
Ainsi serait satisfait le besoin de gloire qui con-