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Le Conte de l’Archer.

l’institution de la religion chrétienne, laquelle prétend nous avoir apporté, les vraies lois de la fraternité.

Moi, je suis un peu, je l’avoue, de l’avis de l’empereur Julien, qui ne souffrait pas qu’on dépouillât la sagesse antique de ses admirables préceptes pour en parer la nouvelle foi sortie de la religion juive, laquelle était purement barbare comparée aux beaux dogmes païens. Nous en voyons bien la preuve aujourd’hui que les nobles vertus ont disparu du monde vieilli, malgré que cette foi ait fait le tour de la terre. Et, en particulier, l’attrait de donner quand on peut vendre est tenu pour si peu dans les âmes d’à présent, qu’il faut considérer comme exceptionnelles et étranges celles qui le ressentent encore. Mais que me voilà loin des jambons que nos hommes d’armes coupaient en larges tranches pour les arroser de ce méchant vin de Montbazon ou de Vouvray qui met les têtes à l’envers, comme si un magicien vous les eût cueillies sur les épaules pour les y remettre une fois retournées ! Et encore ne connaissons-nous plus les crus francs et sincères qu’on buvait en ce temps-là, mousseux et pétillants à égayer des trépassés. Car nous devons encore aux progrès de la commune probité de ne plus