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Le Conte de l’Archer.

Et son large sourire, subitement revenu, fendit sa barbe épaisse et frisée.

— Holà ! mon garçon, qu’on te voie un peu !

Et le capitaine, allant chercher Tristan jusque derrière le bon moine, l’amena par le bout de l’oreille, mais doucement et sans lui faire le moindre mal, tandis que tout le monde riait de la mine déconfite de notre héros.

— Il eût mieux valu le pendre ! se contenta de dire un vieux sergent, en le regardant de travers.

— Or çà, compagnons, ne boirons-nous pas un seul coup avant de nous remettre en campagne ?

Et frère Étienne, qui avait repris toute sa belle humeur, ayant saisi un gobelet sur la table, le tendit au capitaine qui, lui-même, le servit d’une haute rasade de cervoise.

— J’aime mieux notre vin de Touraine ! dit le moine après avoir vidé le gobelet d’un trait. Cependant je vous dirai volontiers deux fois merci, si vous m’en donnez l’occasion.

Et, de nouveau, il tendit son verre.

— À la santé de nos nouveaux amis !

Ainsi dit le capitaine, et les brocs se mirent à circuler, en même temps les chansons joyeuses un moment interrompues. Seul le vieux sergent ne but ni ne chanta ; c’était un homme de fer que ce-