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Le Conte de l’Archer.

violemment dans sa bouche décolorée et ses yeux se fermèrent.

— Silence ! dit le capitaine. Et, avec une douceur inattendue, il ajouta, s’adressant au moine :

— Qu’en ferais-je ?

— Renvoyez-le chez son père.

— Pour que celui-ci le fasse parvenir à l’armée royale par un autre chemin ? Impossible.

— Gardez-le avec vous.

— Nous avons bien le moyen de promener des prisonniers derrière nos chausses !

— Incorporez-le dans votre compagnie.

— Je n’aime pas à violenter les consciences.

— N’allez pas vous inquiéter de cela ! je vous répète qu’il n’avait pas plus grande envie de servir le roi Louis le Onzième que le duc Charles, pourvu qu’il ne servît personne. Puis donc que la destinée en dispose autrement et qu’il est obligé de servir quelqu’un, peu lui importe que ce soit l’un ou l’autre. Notez, capitaine, qu’il a été éduqué par moi, qui lui ai appris que Dieu était notre seul maître.

— Mais quel service me pourra-t-il rendre, faible de complexion et dénué de courage, comme il semble ?

— C’est en quoi vous vous trompez. C’est moi-même