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Le Conte de l’Archer.

nous les avons envoyés chercher des soldats dans un monde meilleur et nous avons occupé ce village, en défendant aux habitants, sur le soin même de leur vie, d’en sortir et de rien conter au dehors de ce qui s’était passé. Si bien que, depuis ce matin, il nous est arrivé plus de vingt pauvres diables, mandés dans les lieux voisins par le capitaine Bistouille de défunte mémoire, et qui sont venus se faire prendre ici comme souris dans une souricière.

— Et qu’en avez-vous fait, capitaine ? demanda frère Étienne avec beaucoup de rondeur.

— Nous les avons pendus, répondit avec simplicité l’homme à la cuirasse, afin qu’ils n’eussent plus la tentation d’aller servir dans les rangs de nos ennemis.

Un petit cri étouffé sortit de derrière le large froc du moine ; c’était le pauvre Tristan qui s’y était blotti et était bien près de se trouver mal. D’une main vigoureuse, frère Étienne le maintint debout.

— Vous avez raison, capitaine, répondit-il d’une voix toujours assurée. Je parierais que c’étaient d’enragés partisans du Roi qui vous eussent fait le plus grand mal.

Et, arrachant Tristan, qui n’en pouvait, à sa