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LA CHANSON DES JOURS.




III


L’ivoire transparent de ton beau pied que veine
Un filet d’azur clair comme un ruisseau perdu
Sous la neige, des bords d’un lac bleu descendu,
Et qui roule en son cours un parfum de verveine

A dire ta blancheur la poésie est vaine,
O pied d’Ève jadis par le serpent mordu,
Et qui, baisant le sol sous tes pas étendu,
L’effleure plus léger qu’un souffle sur l’avène.

Comme une fleur de sang sur ton chemin vainqueur,
S’effeuillant en désirs, s’est dispersé mon cœur ;
Et, comme un encensoir où brûle le cinname,

Devant le coussin d’or où mes vœux t’ont posé,
En adorations, dans le vent embrasé,
J’ai senti lentement se consumer mon âme !