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hanches énormes et un mari qui joue au jaquet fort convenablement : un beau parti pour un célibataire. Il ne me fallut pas grand temps non plus pour comprendre que je plaisais aussi. Sans être beau, je suis bien vu des femmes qui savent estimer ceux qui les aiment. Comme aucune renommée fâcheuse de bégueulerie ne planait autour de son nom, je me dis que mon bonheur était chose assuré et je me frottai les mains à engendrer des ampoules, occupation absolument inutile à une époque où l’on ne sacre plus les rois de France. Quand je me déclarai, elle eut le bon sens de ne pas faire l’étonnée. Non ! c’est qu’il y a des femmes qui ont toujours l’air de ne pas bien savoir ce qu’on leur demande. Ces façons-là me font enrager. « Sacredié, madame, ai-je toujours envie de m’écrier, mais vous le savez peut-être mieux que moi ! » Mais elle n’était pas de celles-là. Je vis qu’elle était fixée sur mes intentions ; car elle me répondit avec infiniment de politesse et une pointe de mélancolie : — Je suis extrêmement flattée, monsieur Roubichou, mais je ne puis être à vous ! — Qué sa co ! répliquai-je ? — Parce que vous me mépriseriez après. — Allons