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en temps, glisser une gauloiserie entre une histoire héroïque de mon maître Banville, quelque récit ensoleillé de mon ami Paul Arène et une page de belle prose de notre sage Nestor, voire même quelque nouvelle audacieusement philosophique de Maufrigneuse. Heù ! Frustrà pius ! Ah ! voilà le cas qu’on fait de ma conversion et le retentissement qu’elle a eu dans le monde où l’on s’abuse… sur la nécessité du sérieux dans la vie ! Ah ! j’aurai fourré mon doux Rabelais dans ma poche et c’est le gré que vous m’avez de ce sacrifice ! Je la conterai, votre histoire, Roubichou, je la conterai, ne fût-ce que pour prouver au monde — urbi et orbi — comme on dit, que, quand cela me plaît, je suis tout aussi mal élevé que vous !

La voilà donc, l’histoire de Placide Roubichou, — mais je le laisse parler lui-même.

— Le premier jour où je la rencontrai, m’avait-il dit, je m’aperçus bien vite que je l’aimerais toute ma vie. En elle, en effet, se résument toutes les beautés qui me charment particulièrement. Elle est brune, elle a le regard triomphant, la bouche un peu charnue, un menton à la grecque, une gorge marmoréenne, des