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qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire dans la tribu de ma bonne amie. Avec l’intrépidité proverbiale que vous me connaissez, je me dirigeai immédiatement vers le point d’où partait ce bruit et que désignait cette illumination. Je faillis tomber à la renverse en arrivant. Naïboula était debout sur un autel improvisé. Tous les sauvages prosternés psalmodiaient un hymne religieux à ma maîtresse dont le derrière brillait circulairement d’une clarté rayonnante et douce :


— « Ô Lune, chantaient-ils dans leur langue barbare, enfin le mystère est accompli. Enfin le temps est venu qu’avaient prédit les prophètes ! »
— « Tu es venue parmi nous, ô Lune ! et la pitié des cieux s’épanouit sur ton doux visage. »
— « Contemple, de ton œil caressant, l’humanité toute frémissante de reconnaissance et d’amour. »

Et mille autres balivernes mystagogiques. Un moment m’avait suffi pour comprendre l’horrible réalité. Avant de se diriger vers la tente du vénérable Kamalotutu, la coquette Naïboula avait fait une de ses chevauchées habituelles ; mais par une distraction impardonnable, au lieu de