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Et l’amiral se moucha pour accentuer l’expression de sa mélancolie.

— Inutile de vous dire, reprit-il, que je n’avais pas eu la sotte idée d’étendre à son costume ce souci de civilisation et que je lui avais laissé ignorer soigneusement les chapeaux à plumes, les jupes empesées, les corsets redresseurs de torts, tout le fatras de nos toilettes parisiennes. J’avais entendu qu’elle continuât à marcher revêtue de sa seule beauté. Vous n’imaginez pas comme c’est commode dans la vie !

Je lui avais simplement permis de porter les jours de fête un collier de marrons d’Inde que j’avais moi-même sculptés pour elle et où tous les membres de sa famille étaient représentés, à commencer par son père le vénérable Kamalotutu. Or, un jour que j’avais à passer quelques heures à bord, je l’autorisai à aller faire, après dîner, une visite à ses parents. Le service me retint plus longtemps que je ne l’avais prévu, et il était bien onze heures du soir quand je regagnai la petite maison de toile où m’attendait le bonheur. À ma grande surprise Naïboula n’y était pas. Bientôt une clameur immense et un éparpillement de lumière dans l’ombre m’apprit